L´
Union pour la défense de l´Art
dans le Nord (UDAN) et la Société des Amis des
Beaux-Arts,
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Les Salons du NordUne ancienne salle de bal, la salle Fantasio, désaffectée mais qui possède un parquet de plus de 650 m² et qui est décorée de fresques murales par Roger Aliquot lui-même, est reconvertie en salle d'exposition de 1 000m². La salle Fantasio constitue le théâtre régulier de ces Salons du Nord, que président non seulement les autorités municipales et régionales mais encore les représentants des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais, ainsi que des membres éminents de la culture comme le poète Arnauld DEHORNE ou MAX POL FOUCHET. Le sculpteur Norbert TRECA , les peintres Roger FREZIN et Jean CHABANON y exposent en même temps que des artistes locaux moins connus.
Ces expositions annuelles, qui regroupent de nombreux exposants, visent non seulement à défendre mais aussi à magnifier les artistes du Nord : le prestigieux HOMMAGE A MATISSE en collaboration avec le Musée Matisse du Cateau-Cambrésis (1959, cinq ans après la mort de celui-ci), à l'occasion duquel est organisé un congrès des artistes du Nord ; la BIENNALE DES ARTS DU NORD DE LA FRANCE de 1961 ; le Salon de l'Art et de la Poésie (1964), le Salon de l'Art et de l'Artisanat en 1965, et celui de l'Art et de la Brocante en 1966.
1961 : plaidoyer pour une décentralisation artistique et culturelleEn 1961, Roger Aliquot, saisissant l'occasion du Salon du Nord qui le place momentanément sous les feux de la rampe, dresse un état des lieux sévère de la décentralisation de l'art pour laquelle il milite tant, en " faisant le point " dans la revue L'amateur d'art : il souligne que " le quatrième Salon du Nord qui vient de se terminer est la preuve évidente que si un programme constructif de décentralisation, de culture artistique, d'expansion et d'échanges en faveur de l'Art, des Musées, des Artistes eux-mêmes était mis sur pied, on pourrait obtenir en Province des résultats sensationnels " et d'ajouter : " Malheureusement, tout reste à faire ! " (pour en savoir plus : article "Faisons le point" paru dans L'Amateur d'Art à l'occasion du Salon du Nord d'avril 1961). En effet, les efforts consentis à
l'époque sont peu subventionnés par ce que nous
nommerions aujourd'hui les acteurs locaux, et cela quand ils le
sont. Les municipalités n'ont ni politique culturelle
réelle ni budget à leur consacrer. Les entreprises
sont plus préoccupées de rentabilité que de
mécénat. La peinture en région est l'affaire
de quelques galeries locales, le plus souvent lilloises. Si les catalogues sont parsemés d'encarts publicitaires vantant les commerces locaux, il faut les démarcher un à un, les convaincre de participer, ce qui constitue une lourde tâche et encore les recettes engrangées ne couvrent-elles qu'à peine quelques frais divers engagés (impressions, vin d'honneur, etc.) . Cette situation évolue mais très lentement. Roger ALIQUOT milite également en faveur des artistes eux-mêmes et incite dans les catalogues des Salons à acheter la peinture pour " faire vivre les artistes " : " le meilleur placement du monde : leur valeur est plus stable que celle des diamants ou du platine ".
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Les journalistes locaux et régionaux et la presse spécialisée ne se trompent pas sur l'intérêt de ces manifestations qu'ils considèrent à juste titre comme des événements à la fois culturels et populaires. Ces manifestations défraient régulièrement la chronique locale et régionale et seront honorées d'une interview à la télévision nationale, chose rare à l'époque. La présence, d'abord timide, puis de plus en plus prégnante au cours des années 60 et 70, dans les comités d'honneur des Salons du Nord de personnalités de la politique régionale et de représentants éminents du Bassin des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais atteste de l'importance de son action en faveur des arts et lettres dans une région fortement industrialisée et de l'atout que constitue l'action entreprenante et bénévole d'un tel artiste dans les politiques sociale et culturelle qui font encore défaut aux décideurs locaux de l'époque. Article de Lumières sur la Mine Enfin, la présence de toiles ou de sculptures signées de nombreux artistes de la région Nord (Nord de Paris et Paris) montre également comme Roger Aliquot a su promouvoir, dans les manifestations dont il était le principal organisateur, des sensibilités multiples et accorder à chacun une place de choix. De la même manière, il cherche à développer une synergie entre les acteurs locaux des milieux de l'art de façon à ce que ses élèves et ses collègues puissent bénéficier eux aussi de son action. Ainsi, ce n'est pas par hasard si Ernest GAILLARD,, conservateur du Musée d'Anzin, préside le Salon du Nord de 1961 car, dès novembre 1959, ce dernier contacte Roger Aliquot sur la recommandation du conservateur du Musée Matisse de l'époque M. GUILLOT, pour lui demander de lui "indiquer le nom d'artistes qui ont été intéressés par l'expression du paysage minier, la vie du mineur, son labeur, ses joies et ses peines". Roger Aliquot lui prodigue des conseils et lui propose, au Salon du Nord de 1961, sur un plateau en quelque sorte, l'exposition d'une soixantaine d'artistes régionaux, parmi lesquels des mineurs de fond comme Simon JANKOWIAK (peintre) et Benjamin NOWAK (céramiste).
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