La professionnalisation des artistes gravitant autour de lui ainsi que l'édification populaire pour les arts en général sont au cœur des préoccupations de Roger Aliquot pendant les années 50. Ainsi, à la suite du vernissage du 3e Salon du Nord dédié à Matisse, décédé cinq ans plus tôt, orchestré avec la collaboration du tout récent Musée Matisse du Cateau-Cambrésis, Roger Aliquot organise un congrès des artistes du Nord, premier du nom. L'objectif est ambitieux : il a pour propos de fédérer la cohorte des artistes venus des quatre coins de la région (entendre résidants ou originaires du Nord et le Pas-de-Calais) autour de l'idée de professionnalisation de nombre d'entre eux, pour certains encore amateurs. La récente loi dite du 1% permet en effet d'attribuer 1 % du budget alloué à la construction d'ouvrages nouveaux au financement d'œuvres artistiques en rapport avec lesdites constructions. Autre ambition et non des moindres, celle de promouvoir ce réseau d'artistes comme levier pour une éducation artistique populaire et mieux partagée, en développant les moyens d'atteindre ce vaste public par des expositions, des conférences et la création de bibliothèques et autres actions concrètes comme les visites commentées de musées. Hélas, ces efforts poursuivis les années suivantes se heurteront durablement à l'inertie des pouvoirs publics régionaux peu pressés d'emboîter le pas d'une initiative privée enthousiaste pour laquelle ils ne sont pas prêts à contribuer de quelque manière. L'article "Faisons le point" paru deux ans plus tard en avril 1961 dans la revue L'Amateur d'art à l'occasion de la Biennale des Arts du Nord de la France, p. 17 et 18, témoigne de l'amertume et de la révolte de Roger Aliquot face à l'indifférence des "acteurs locaux" de l'époque, qu'ils soient régionaux ou repésentants de l'État en région. |