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Ce tableau, anodin au premier regard, constitue pourtant un témoignage de l'histoire locale héninoise. Mais auparavant, nous voudrions fixer notre attention sur le tableau lui-même quitte à renvoyer les amateurs d'histoire locale à la partie de cette page qui leur est réservée. |
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Le contexte artistiqueL'article de Lumières sur la mine de 1953 "Visite au Peintre Aliquot" donne une idée du contexte artistique dans lequel ce tableau a été peint et, de l'avis même de Roger Aliquot, comment un paysage n'est pas le simple reflet de la réalité telle quelle mais le reflet de celle-ci à travers un écran : celui du "tempérament du peintre". Ce simple mot "tempérament" n'est pas choisi au hasard. Sur cet écran, plus qu'une simple vision formelle personnelle -technique pourrait-on dire- c'est, pour l'artiste qui peint, toute l'humanité en lui, son rapport au monde et son état d'esprit que l'artiste projette à travers le sujet traité. |
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Une chapelle comme les autres ?Que nous révèle la lecture de ce tableau : c'est une huile de petit format sur isorel datée de 1952. Paysage urbain, elle constitue le témoignage d'un bâtiment sacré aujourd'hui disparu : la chapelle Notre-Dame de Grâce, rue de Rouvroy, devant laquelle, au lendemain de la guerre, les paroissiens de l'église Saint-Martin menés par le Doyen Dessennes et ses prêtres vinrent en procession célébrer la paix revenue avant de se rendre jusqu'au cimetière en faisant un arrêt devant les autres chapelles (rue de Courrières, notamment). Or, Roger Aliquot a déjà célébré la libération par l'évocation d'un monument pavoisé : la Mairie de Mouvaux en 1944 devant laquelle des enfants jouent. Un spectacle du quotidien, apparemment anodin lui aussi, anodin en temps de paix mais que la guerre et l'occupation avait effacé temporairement des mémoires. Notons également que Roger Aliquot a réalisé de nombreux paysages et particulièrement des paysages urbains représentant des monuments (cf. Monographie - "1942 : Son arrivée et son installation dans le Nord, la Libération, la Société des Amis de l'Art). Cette huile, sans faire partie d'une "série", figure néanmoins dans une thématique que l'on retrouve à différentes périodes de la vie du peintre Aliquot. |
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La "manière" AliquotLa facture de la toile est directe et généreuse. Les tracés sont nettement marqués du cerne noir qui lui était familier à cette époque. Taches de couleur, hachures, griffures, à-plats... tous les moyens sont bons pour suggérer une vision transcendée du réel, chargée d'impression et de sentiment personnels sans jamais décrire celui-ci comme un calque froid et méticuleux. Les couleurs sont vives : les arbres portent leurs feuilles, nous sommes en été. La petite chapelle est pimpante sous l'ombrage. Le soleil parvient à frapper l'un de ses côtés. L'ouverture de l'oratoire est sombre et ne trahit rien de ce qu'il recèle mais que l'on imagine facilement : la Vierge en prière tout bonnement. |
Le sentiment religieux à l'aune de la naturePourtant le sentiment d'élévation qu'inspire ce modeste paysage existe bel et bien. Il provient des grands arbres, de leurs branches levées vers le ciel et des grilles qui entourent le petit bâtiment comme une haie protectrice, lieu sacré, en pleine ville, tout à son recueillement, indifférent à l'agitation des rues pavées alentour. |
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Le sentiment religieux a recours ici à la nature qui plaide pour lui mieux que quiconque, mieux que les hommes eux-mêmes. D'ailleurs, au contraire d'autres paysages de Roger Aliquot comme les marines, ceux-ci ne mettent en scène ni personnage ni même une silhouette. Pourtant, la représentation est vivante et gaie et cette gaieté vient de la nature qui enserre le lieu sacré de sa vie exubérante. Cette idée forte d'une foi en un Dieu immanente à l'observation de la nature se retrouve exprimée de cette façon très elliptique dans d'autres toiles de Roger Aliquot comme, par exemple, l'église de Marbella, une gouache de 1964. |
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Pour les amateurs d'histoire locale... |
Ce tableau fait l'objet d'articles de presse dans La Voix du Nord. Le 13 janvier 1973 dans l'article "Quand l'artiste-peintre se fait témoin de son temps", alors que, les arbres disparus, des bidons les remplacent en attendant de nouvelles plantations, et le 18 janvier 1988, dans l'article "Le peintre témoin de son temps...", après que cette chapelle a été détruite accidentellement - ou opportunément, selon certains, pour être remplacée par un rond-point, ainsi sacrifiée sur l'autel de "la section 11 du périphérique"... Pour de plus amples informations, consultez les article de La Voix du Nord : |
Une nouvelle chapelle sera construite au croisement de la rue Robert Aylé (ex-rue de Rouvroy) et de la rue Nisique sous la direction de l'architecte Denisse. |
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