Il y a le Pont des Soupirs de Venise et celui d'Aliquot.
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Celui de Venise est aussi marmoréen qu'il est sinistre car il ne s'agit pas de soupirs amoureux dont il est question mais des soupirs de condamnés à la torture ou à la mort qui étaient contraints de passer par ce pont clos (à double couloir afin d'empêcher tout échange entre condamnés !) et à fenêtres grillagées en pierre pour interdire toute évasion. En peignant le pont des soupirs de Venise Roger Aliquot en donne une autre interprétation, plus contemporaine et tournée vers la vie.
Dans ce paysage à la composition en X,
tout chahute. Seuls les murs du Palais des Doges à gauche
et de la Nouvelle Prison achevée en 1614 à droite
conservent leur austérité verticale et
fermée en plongeant dans l'eau noire du canal mais leur
lèpre humide a disparu. Quant aux maisons, elles ont l'air
penché et déformé par la perspective, et
sont comme ouvertes vers le ciel. Dans l'eau du canal, la
lumière et le ciel se reflètent au gré des
clapotis que le passage de gondoles provoque. Au jeu des touches
de ces vaguelettes en quartier d'orange répond la forme
oblongue des gondoles noires qui glissent sous le pont. Aux
copeaux de lumière dans l'eau font écho les
coquilles de noix des barques noires. Le Pont dont la courbe forme une arche,
répétée par un pont plus lointain, vient en
contrepoint à celles des vagues et des gondoles. Les
couleurs sont plus chatoyantes que tristes et glauques. Aliquot y
a peint ce qu'il a vu au moment où il l'a vu : la vie, non
la mort ou son antichambre, un pont sous lequel les amoureux en
pélerinage à Venise viennent passer en barque pour
célébrer leur union. |