En Janvier 1944, Roger Aliquot obtient une bourse de voyage de l'État de 12 000 francs, voyage qui sera contrarié par les événements qui précèdent la Libération (interruption des communications due aux raids des alliés...). En effet, l'attribution de la dite bourse entraîne l'obligation pour le peintre "de voyager suivant les facilités de déplacement que vous pourrez obtenir et de vous consacrer à des études de paysage, de monuments, de villes et de visiter quelques grands musées de province". Roger Aliquot satisfait néanmoins à l'obligation, exigée pour l'attribution de cette Bourse, de produire et de remettre un compte rendu mensuel et des croquis de ses productions. Ses voyages se borneront donc à Arras, Tourcoing et les environs. On trouve trace de ceux-ci dans sa correspondance à sa femme et dans les paysages urbains régionaux assez nombreux présentés aux expositions de cette époque comme en témoigne le catalogue des deux expositions particulières à la Galerie Dujardin de ROUBAIX.

Si ces tableaux restent avant tout, étant donné les circonstances, des paysages dépourvus d'engagement politique, il n'en va pas de même de la peinture intitulée La libération qui figure à l'exposition de 1945.

Invitation-catalogue de l'exposition à la Galerie Dujardin du 2 au 16 mai 1944 - couverture

Invitation-catalogue de l'exposition à la Galerie Dujardin du 2 au 16 mai 1944 - catalogue
Invitation-catalogue de l'exposition à la Galerie Dujardin du 2 au 16 mai 1944

Extrait du journal écrit par Roger Aliquot d'août 1943 à novembre 1944, évoquant son ressenti à la clôture de la première exposition à la Galerie Dujardin du du 2 au 16 mai 1944.

Mon exposition à Roubaix vient de se terminer. Le moment n'est vraiment pas favorable pour une exposition. Tout le monde est en émoi. D'abord par ces bombardements intensifs, ensuite par l'approche du débarquement anglais. On s'attend tous à des événements plus ou moins graves. Je termine un abri-tranchée.

Roger Aliquot construisant l'abri-tranchée
Roger Aliquot construisant l'abri-tranchée.

Nous irons à douze dedans. Il nous a déjà servi la semaine dernière. Nous sommes descendus, ma femme, le bébé et moi, nous avions peur. Comment ne pas avoir peur de cette force inhumaine et destructrice des bombes. Lundi matin, j'ai vu sur la place de Tourcoing, une quantité de cercueils alignés. Quelle désolation !... Et les beaux jours nous donnent l'envie de vivre, c'est le printemps, la nature continue. Rien ne peut l'empêcher de suivre son cycle. Je n'ai ni l'esprit au travail ni à la lecture. On est obsédé, traqué, inquiet... Vivement la paix et la fin de cette tuerie explosive.

Pour information, selon ce même journal, Tourcoing fête spontanément la libération le dimanche 3 septembre 1944.

Il aura l'occasion d'exposer à nouveau à la Galerie Dujardin dans de bien meilleures conditions en 1945 comme en atteste l'invitation catalogue ci-après :

Invitation-catalogue de l'exposition à la Galerie Dujardin du du 1er au 15 juin 1945 - couverture

Invitation-catalogue de l'exposition à la Galerie Dujardin du 1er au 15 juin 1945 - catalogue
Invitation-catalogue de l'exposition à la Galerie Dujardin du 1er au 15 juin 1945


haut de page