Un "dancing" en pays minier

En venant s'installer à Hénin-Liétard en janvier 1947 pour reprendre cette salle de bal, le calcul de Roger Aliquot et de sa femme est simple : c'est une affaire qui marche, le public est au rendez-vous pour des soirées et des après-midi dansantes, car le travail est dur "au jour" comme au fond de la mine, la télévision n'est pas encore inventée et l'envie de s'amuser et d'oublier les soucis est grande. En outre, cette activité ne remplit pas les journées, elle laissera donc du temps à l'artiste pour se consacrer à sa peinture.

Toutefois il ne saurait reprendre une telle affaire sans la marquer de sa patte d'artiste accompli.

En plein pays minier, le nom de baptême de cette salle est déjà en soi un poème puisqu'il fait référence à la pièce de théâtre d'Alfred de Musset (publiée en 1834 et créée en 1866) dont le personnage principal, Fantasio, "s'ennuie malgré sa jeunesse" et prend la place du fou à la Cour pour chasser le prétendant de la princesse Elsbeth.

La piste de danse de la salle Fantasio
Le lieu est très bien situé, en plein centre ville.
La piste de danse de 900 m² environ est un parquet
méticuleusement entretenu...
 

La scène de la salle Fantasio
...auquel est accolée une scène à plusieurs plateaux,
avec piano blanc et pupitres, sur lesquels les orchestres se succèdent
pour jouer les airs à la mode.

Une décoration hors du commun : des toiles de plusieurs mètres carrés...

Mais il y a plus : il faut encore ajouter la magie de représentations qui font oublier le quotidien. Roger Aliquot avait déjà installé deux grandes toiles de facture classique : "Le départ de Hamlet" et "La symphonie espagnole", toutes deux peintes entre 1943 et 1944.

Le départ de Hamlet - 1944 - in situ
Le départ de Hamlet - 1944 - in situ

La Symphonie espagnole - 1944
La Symphonie espagnole - 1944

... et des fresques murales exotiques

Il ne va pas s'arrêter là et réalise de grandes fresques sur les murs immenses de la salle sur des thèmes exotiques : l'Afrique, la Polynésie,...
et même le bar

Le bar de la salle Fantasio
Le Bar : au fond à droite, près des vestaires,
la gouache Don Quichotte et Sancho Pança

La fresque de l'Afrique
La fresque de l'Afrique
 

La fresque de la Polynésie (à droite)
La fresque de la Polynésie (à droite)
 

 

Le "dancing" devient une salle de tous les possibles : salons-expositions, concerts, représentations théâtrales...

Après une dizaine d'années de fonctionnement, la famille s'agrandissant, cette affaire ne conviendra plus. Désaffectée à certaines périodes et de plus en plus souvent, cette salle devient la salle de tous les possibles.
C'est ainsi que s'enchaîneront de nombreuses expositions de peinture dont les fameux " Salons du Nord ", mais aussi des manifestations présentant des collections comme celle sur l'Afrique de M. CHEVASSUS (Lyon) ou sur les objets et documents relatifs à la période napoléonienne, des concerts classiques comme celui du violoncelliste Olivier GRENAT, etc.

Puis, pour vivre, après avoir repris le café adjacent à la salle, baptisé "Café de Paris", Roger, avec l'aide de sa femme Irma, crée un restaurant puis un hôtel, sans pour autant cesser son activité artistique.

Olivier Grenat, violoncelliste
Olivier GRENAT, violoncelliste, dédicace à Roger Aliquot en souvenir de son récital à Hénin-Liétard. Violoncelliste et professeur de violoncelle de 1942 à 1964 au Conservatoire départemental d'Orléans, Olivier GRENAT était un élève de Pablo CASALS et deuxième violoncelle solo de l'Orchestre symphonique de Paris avant d'entamer une carrière de soliste après la deuxième guerre mondiale.

 

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